Monday, November 14, 2005

Banlieues en flammes : une " Intifada " à la française ?

Depuis la montée d’un nouvel antisémitisme de gauche dans l’hexagone, les Français n’ont pas spécialement bonne presse en Israël.

Le 27 octobre dernier lorsque éclatent les premières émeutes perpétrées par des jeunes Français en grande majorité d’origine maghrébine et africaine, on parle volontiers d’échec des politiques d’intégration. On accuse le chômage et les discriminations à l’embauche d’être responsables de la colère des jeunes. On montre du doigt des
quartiers de non-droits laissés à l’abandon, où les forces de l’ordre n’osent même plus s’aventurer. Où ce sont désormais les dealers qui font la Loi. Certains, plus rares, condamnent l’influence néfaste de l’Islam des caves.

De l’autre côté de la Méditerranée, en Israël, une seule véritable inquiétude : ce phénomène a-t-il un caractère antisémite ?
Dans les grandes rédactions israéliennes, la question est sur toutes les lèvres. Le rapprochement avec la question israélo-palestinienne est immédiat. Pas de doute, le problème est religieux et identitaire.

Le très populaire Yediot Aharonot tout comme le très élitiste quotidien de gauche Ha’aretz n’hésitent pas à titrer sur " l’Intifada à la Française ".
Sur les sites Internet des deux quotidiens, on critique sans retenue le laxisme des Français à l’égard des Musulmans. " Ce qui devait arriver, arriva " écrit-on sur Ha’aretz. Sur Yediot Aharonot, on estime que la " France mérite ce qui lui arrive ".
Quant au Jérusalem Post, il s’interroge lui aussi sur la portée religieuse et antisémite des incidents mais se veut plus prudent : " Pas de lien direct avec l'antisémitisme " annonce-t’il en Une de son édition du 7 novembre. Et le rédacteur en chef de Tribune Juive, Yves Azeroual, d’expliquer dans l’interview qui lui est consacrée que " les violences perpétrées par les jeunes musulmans français lors des émeutes peuvent "faire penser à l'Intifada" mais qu’apparemment l'antisémitisme n'y joue pas un rôle clef " .

" L'attaque contre la synagogue de Pierrefitte, dans la banlieue de Paris est un acte parmi tous ceux commis lors des émeutes. Il n'y a pas de lien avec l'antisémitisme. Pour l'instant, les Juifs ne sont pas directement concernés par les émeutes, en tant que cible ".

Quelles que soient les nuances que l’on peut apporter, tous les journaux israéliens observent le phénomène à travers un même spectre : celui de l’Islam, de la religion et de l’antisémitisme. Ce qui, en France, n’est pas perçu du tout comme une évidence.

Le rapprochement avec le conflit israélo-palestinien est certes exagéré. Les propos de la presse à l’égard des dirigeants français, durs et sans concessions.

Mais c’est dire ici combien les " blagues " de l’ " humouriste " Dieudonné ", les agressions antisémites, le signe d’égalité entre l’étoile de David et la croix Gammée sur certaines banderoles des manif’ contre la guerre en Irak, ont pu en choquer plus d’un…

Photo AP.

No comments: