Wednesday, August 09, 2006

Le "ras l'front" des soldats de Tsahal

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Prière du matin d'un réserviste, à la frontière entre le sud-Liban et Israël

REPORTAGE à Metula (Nord d'Israël) par une correspondante de l'AFP, Nadège Puljak

METULA (Israël), 8 août 2006 (AFP) - "La guerre va être longue". Harassés, les soldats israéliens qui effectuent des incursions nocturnes dans le sud du Liban, sont convaincus qu'ils ne quitteront pas l'uniforme de sitôt. "Ca va durer encore longtemps", affirme un officier qui vient de passer avec ses hommes plusieurs heures dans le sud du Liban, à la recherche de combattants du Hezbollah, avant de revenir se reposer en territoire israélien. Et tout ce que veut ce militaire, c'est, dit-il, "en finir le plus vite possible avec le Hezbollah et rentrer à la maison".
Mais du rêve à la réalité, le fossé semble se creuser chaque jour davantage et le risque d'enlisement augmente. "On dit que ce sont de bons combattants. C'est vrai, ils sont bien meilleurs que les Palestiniens. Mais nous sommes plus forts qu'eux", se targue un réserviste de 25 ans, aux traits tirés, mécanicien dans le civil. Son uniforme kaki est recouvert de la poussière rougeâtre qui s'élève en gros nuages à chaque passage de tank, au point qu'on n'y voit plus à trois mètres.
05h00 du matin à la frontière israélo-libanaise, près de Metula, dans le "doigt de la Galilée": un hélicoptère tournoie dans le ciel faiblement éclairé par l'aube qui pointe. Toute la nuit, le canon israélien a tonné. Peu à peu, les tanks en mission de l'autre côté des barbelés, en territoire libanais, affluent vers Israël. Un soldat de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban), juché sur un mirador, observe la scène.
Tombant de fatigue, les soldats s'endorment sur leur paquetage, à même le sol. D'autres s'enfoncent dans un profond sommeil au volant de leur jeep. Un peu plus loin, des caisses de munitions servent de lit à des jeunes gens également épuisés. "Le Hezbollah s'est préparé à la guerre pendant six ans, depuis que nous sommes sortis du Liban, en 2000. Et personne ne les en a empêchés", s'emporte Yossi, 33 ans, qui a dû quitter sa femme enceinte et son petit garçon de 4 ans pour rejoindre son unité. "Il ne faut pas se faire d'illusion. Cette guerre risque de durer longtemps", ajoute-t-il.
Quelque part, dans un champ en contrebas de la frontière, un soldat, debout sur son tank, a revêtu son talith, le châle de prière blanc rayé de bleu des juifs religieux. Il prie en se balançant doucement d'avant en arrière, son livre de prières à la main.
"J'espère qu'à l'avenir, nous n'aurons plus à revenir au Liban. On en a marre! L'Iran se sert du Hezbollah contre nous, les Etats-Unis se servent d'Israël contre l'Iran. Que l'Amérique et l'Iran se battent entre eux", s'emporte Dominique, un réserviste de 33 ans. Le jeune homme vit depuis un an et demi à Madrid, avec son épouse, une Espagnole qui n'est "jamais venue en Israël", et leur petit garçon Samuel, âgé de "cinq mois et deux semaines", dit-il avec tendresse. Mais il ne sait pas lorsqu'il les reverra car, comme c'est le cas, pour les autres soldats de son unité, sa feuille de route ne précise pas la fin de sa période de réserve.
A quelques kilomètres à vol d'oiseau de l'autre côté de la frontière, le village libanais de Mais al-Jabal est accroché à flanc de collines. Des volutes de fumée s'échappent de maisons du village que Tsahal a pris pour cible.
"J'étais en train de boire une bière dans un pub à Jérusalem quand l'armée m'a rappelé. Je veux juste une chose: rentrer et finir ma Guinness!", dit Ron, un barman de 31 ans qui porte un catogan dans ses longs cheveux noirs bouclés. Mais comme ses compagnons d'armes, il est convaincu que ce n'est pas pour demain.

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